Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/396

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prise fut extrême lorsqu’il entendit le grand-duc déclarer d’un ton sec qu’il venait umquement pour assister à la cérémonie et que le soir même il retournerai en Pologne. Pour comble d’embarras, Nicolas dût apprendre à son &ère que les préparatifs m’étant pas achevés, le couronnement n’aurait lieu qu’au bout de huit ou dix jours. À cette nouvelle, Constantin laissa éclater son mécontentement avec une franchise grossière, mais en assurant toutefois qu’il se résignerait. Pendant ce temps, le bruit de l’arrivée de Constantin s’était répandu dans Moscou ; et les vieux Russes, les hommes à barbe, accourant sur les places, faisaient retentir son nom avec un sombre enthousiasme. Dévoré de soucis, Nicolas ne savait comment adoucir l’humeur farouche de ce frère qui l’outrageait, tout en lui donnant une couronne. Pour charmer les loisir de Constantin, il ordonna de grandes manœuvres militaires qui, chaque jour, les conduisaient l’un et l’autre hors de Moscou. Mais à peine étaient-ils sortis de la ville, que Constantin se séparait brutalement de l’empereur, entraînant à sa suite le flot de la population, et ne laissant au czar, ému et humilié, d’autre escorte que celle du corps diplomatique. Les choses en étaient là, lorsque Constantin apprit par hasard que, dans l’église où la cérémonie se préparait, Nicolas avait ordonné qu’en face de son trône et à côté de celui de l’impératrice-mère, on en élevât un pour son frère aîné. Dès ce moment, on crut remarquer une altération profonde sur le visage et dans les manières de Constantin. La veille du couronnement, l’empereur étant descendu