Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/411

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Jusqu’ici, on le voit, la Conférence s’était montrée toujours hostile aux Belges ; mais voilà que tout-à-coup sa politique change d’aspect. Dans son protocole du 21 mai 1831, elle ne craint pas de faire pressentir qu’une modification profonde va être apportée aux bases de séparation des 20 et 27 janvier arrangements fondamentaux pourtant et irrévocables. « Les cinq Puissances, est-il dit dans le protocole du 24 mai, promettent d’entamer avec le roi des Pays-Bas une négociation dont le but sera d’assurer, s’il est possible, à la Belgique, moyennant de justes compensations, la possession du Luxembourg. »

C’est que, durant le cours des négociations, des faits graves s’etaient passés : le Congrès belge, ainsi que nous l’avons raconté plus haut, avait été, de la part du Palais-Royal, le jouet d’une intrigue ; la couronne offerte au duc de Nemours et refusée par Louis-Philippe avait valu aux Belges la régence de M. Surlet de Chokier, régence nécessairement orageuse et anarchique ; enfin, le gouvernement français s’était aliéné à jamais la Belgique, en s’associant à la pensée des protocoles qui la dépouillaient, après avoir formellement annoncé, lorsqu’il s’était agi de faire échouer une candidature rivale, que la pensée de ces protocoles n’était pas la sienne, et qu’à ses yeux la Conférence de Londres n’était qu’une simple médiation[1]. Ainsi humiliée, rebutée et trompée, la

  1. Le 1er février 1831, M. Sébastiani écrivait à M. Bresson la lettre suivante :

    « Monsieur, si, comme je l’espère, vous n’avez pas encore communiqué au gouvernement belge le protocole du 27 du mois de janvier, vous vous opposerez à cette communication, parce que le gouvernement