Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/416

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et de la Belgique, était assurément quelque chose de misérable ; mais la politique de l’égoïsme dynastique une fois adoptée, il eût été facile de la rendre moins ruineuse.

En effet, après l’élection du duc de Nemours annulée par le refus du roi des Français, la Belgique n’avait pas cessé d’être un grand embarras européen. Il fut sérieusement question, alors, de la partager.

D’après le plan proposé, la France aurait obtenu la partie méridionale de ce pays, dont la partie septentrionale aurait été rendue à la Hollande ; la Prusse aurait pris pied sur les deux rives de la Meuse et de la Moselle, et Anvers aurait été livré à l’Angleterre. L’empereur de Russie, nous sommes en droit de l’affirmer, se prêtait volontiers à la réalisation de ce plan, auquel applaudissait le duc de Mortemart. Nicolas était bien aise de détourner, du côté des Pays-Bas, l’ambition de la France, qui, dans cette hypothèse, n’aurait plus menacé que les Anglais. Quant à l’Autriche, dont la haine des révolutions absorbait toutes les pensées, elle aurait vu sans déplaisir les Belges châtiés de leur récente insurrection.

Encore une fois, il eût été peu digne du génie de la nation française d’accepter une part dans les bénéfices d’une spoliation semblable. Mais, au point de vue égoïste de ceux qui nous gouvernaient, cette politique aurait eu, du moins, les apparences de l’habileté, car on offrait par là un aliment à l’humeur inquiète du peuple français ; on consolait la France de ses revers de 1815, en modifiant, à son profit,