Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/435

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Mais à cette apologie du ministère, l’Opposition répondait par des arguments redoutables. Oui, disait-elle, nous vous accusons d’avoir compromis l’intérêt de France, qui est dans son honneur, et l’avenir de la civilisation, qui est dans la grandeur de la France. Rappelez-vous ce que nous étions il y a un an, et voyez ce que nous sommes ! De quel prestige, en 1830, n’étions nous pas entourés ? Aux yeux des nations étonnées et des rois frappés d’épouvante, nous avions bien véritablement ressaisi, et pour de plus vastes desseins encore, le sceptre échappé des mains de Napoléon. Jamais situation plus éblouissante ne fut faite à un peuple par le destin ; et nous n’avions nul besoin de bouleverser l’univers pour le changer, car il était livré à notre merci. Aujourd’hui, que pouvons-nous en Europe et qu’y faisons-nous ? Savoir être juste quand on est fort, est d’une haute modération mais, quand on est fort, tolérer l’injustice est une marque de pusillanimité. Or, les Autrichiens foulant aux pieds l’Italie sans autre droit que celui du despotisme qui ne veut pas qu’on t’inquiète la Conférence découpant les nationalités, sans égard pour les traditions, les intérêts, les affections des peuples, et tout simplement selon la convenance de quatre rois ; les Russes courant exterminer un peuple généreux, pour le punir de n’avoir pu trouver leur domination tolérable… Voilà ce que vous avez permis. Vous avez laissé le régime grossier de la force s’établir partout, autour de vous, pour le malheur éternel de ceux qui avaient compté sur notre appui et qui nous aimaient. Vous prétendez qu’en arrivant aux affaires,