Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/438

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la Gallicie, dans la Hongrie, ces mots annuellement prononcés par la France : nous reconnaissons la nationalité polonaise ? Il n’était donc pas nécessaire, pour sauver un peuple ami, de donner quatre cents lieues à parcourir à nos armées. Et quant à la crainte de pousser dans la mêlée l’Autriche et la Prusse, cette crainte eût été sans fondement, si le gouvernement français avait eu le courage d’embrasser, au point de vue français tout l’ensemble du système européen. Car alors l’Autriche aurait eu sa Pologne en Italie, et la Prusse sa Pologne sur la rive gauche du Rhin. Qu’importe, après tout, l’intervention armée de la Prusse et de l’Autriche ? Ces deux Puissances n’interviennent-elles pas aujourd’hui d’une manière, hélas ! presqu’aussi décisive ? La Prusse ne fournit-elle pas aux Moscovites des armes, des vivres, des munitions, tandis que la Pologne n’a, pour se défendre contre ses innombrables ennemis, que son courage et les vœux, méprisés, de la France ?

De toutes ces attaques dirigées contre le pouvoir avec ensemble, avec éloquence, mais non sans quelques déclamations par le général Lamarque, par le maréchal Clanzel, par MM. Mauguin, Rignon, Lavabit, aucune assurément ne portait à faux ; et l’Opposition prouvait fort bien que la conduite du ministère avait été contraire aux intérêts de la France. Mais lorsque les ministres lui demandaient : « Qu’auriez-vous fait à notre place ? Souscrivez- vous à un embrasement universel ? Quels son vos plans ? » L’Opposition hésitait, se troublait, répondait vaguement, ou ne répondait pas.