Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/440

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pour soutenir ce langage, il devenait indispensable de se préparer à une lutte sérieuse ; et en supposant que les peuples fussent précipités en armes dans une mêlée universelle, comment maintenir en France cet équilibre des pouvoirs, ces fictions, toutes ces puérilités systématiques qui ôtent à l’État l’unité, c’est-à-dire la force ? Il aurait donc fallu en revenir à ce mélange d’impétuosité et de discipline, à cet enthousiasme réglé, d’où sortirent les triomphes de notre première révolution. Et c’était là ce que redoutaient par dessus tout des hommes élevés à l’école du libéralisme, école tout à la fois anarchique et timide.

Avec une connaissance plus exacte des faits, l’Opposition n’aurait pas été arrêtée par cette crainte des nécessités héroïques. Car les Puissances tremblaient à l’idée d’un bouleversement, parce qu’elles avaient peu de ressources contre beaucoup d’obstacles. Et que pouvaient-elles gagner à une guerre ? Elles avaient tout à y perdre. D’ailleurs, le temps des coalitions militaires était passé. Le cours des événements avait amené entre l’Autriche et la Prusse, entre la Russie et l’Angleterre, une hostilité de position et des divergences d’intérêt qui eussent fait d’une ligue armée le plus grand embarras de l’Europe. Tout était donc possible pour la France, avec elle et par elle. Voilà ce que l’Opposition aurait dû démontrer. Malheureusement elle jugeait mal, faute de renseignements, la situation des divers États. Croyant la guerre possible, probable même, et la craignant, elle n’en prononçait pas moins des discours belliqueux. La contradiction était mani-