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tre commandite de 950 mille francs, datant du 2 juillet 1830. On supposa que M. Casimir Périer avait voulu sauver ses intérêts compromis dans les chances d’une faillite prévue. On ne manqua pas de rappeler, à ce sujet, que la maison de M. Gisquet venait de suspendre ses paiements, lorsqu’elle les reprit tout à coup, M. Gisquet ayant rapporté de Londres un projet de marché qui semblait devoir relever sa fortune. Mais les rumeurs devinrent bien plus menaçantes encore, quand on apprit que les fusils achetés si cher étaient de mauvaise qualité ; qu’ils étaient d’un usage incommode, et très-lourds ; enfin, que le travail des pièces accessoires y était moins perfectionné que dans les fusils de nos fabriques[1].

Le ministre de la guerre avait, il est vrai, institué une commission composée de douze officiers d’artillerie pour vérifier, à Calais, les armes venues d’Angleterre, et cette commission remplit ses devoirs avec une loyale sévérité. Mais, sur les deux cent mille fusils livrés par M. Gisquet, cent dix mille avaient été fournis par les fabricants, et quatre-vingt dix mille provenaient de la Tour de Londres. Or, diverses circonstances faisaient penser que les fusils de la dernière espèce, et c’étaient les plus mauvais, n’avaient été soumis a aucun examen[2] Il y avait dans tout cela un ensemble de présomp-

  1. M. Gisquet reconnaît lui-même ceci dans ses Mémoires. Tome I. p.186.
  2. On lit en marge d’un rapport adressé au maréchal Soult par les officiers d’artillerie : « Il sera nécessaire d’éprouver tous les canons des