Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/450

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tions graves, et il n’était pas sans importance d’éclaircir un tel mystère, lorsque tout semblait annoncer déjà l’altération du caractère national et les progrès du mercantilisme en France. Il fut question de porter l’affaire au Parlement ; mais les soupçons grossisants de jour en jour, une feuille républicaine, la Tribune, résolut de donner le signal de l’attaque, et le 9 juillet 1831, elle publia un article où se trouvaient ces mots : « N’est-il pas vrai que, pour les marchés de fusils et de draps, M. Casimir Périer et le marcéchal Soult ont reçu chacun un pot-de-vin qui serait de plus d’un million ? »

M. Armand Marrast était l’auteur de cet article. Écrivain plein de sève, d’esprit et de vigueur, il avait déployé dans cette énergique accusation toutes les qualités de son talent. La sensation fut grande ; et des poursuites dirigées contre le journal aboutirent à un procès fameux. Les personnages les plus considérables de l’Etat : MM. de Lafayette, Dupont (de l’Eure), Lamarque, Guizot, de Corcelles, Laffitte, de Briqueville, y comparurent comme témoins. MM. Casimir Périer et Gisquet y furent défendus avec beaucoup de souplesse et d’habileté par MM. Dupin jeune et Lavaux, mais ils eurent à

    fusils, sans exceptions, qui ne proviendront pas de la Tour de Londres. »

    Et M. Gisquet, voulant prouver dans ses Mémoires que la vérification s’est faite avec sévérité, dit (tome I, page 185) : « En définitive, sur les cent dix mille fusils fournis par les fabricants, trente-cinq mille avaient été mis à l’écart pour des réparation ou améliorations jugées nécessaires. »

    Pourquoi M. Gisquet ne parle-t-il ici que des cent dix mille fusils fournis par les fabricants ? Les quarte-ving-dis mille provenant de la Tour de Londres ont-il été examinés ?