Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/47

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bile atténuation de ses services, et faire à la bourgeoisie dans la gloire du combat une part qui servit à expliquer celle qu’elle prenait dans le triomphe, telle devint bientôt la plus vive préoccupation des orléanistes.

« La population ouvrière de Paris, disait le National, dans son numéro du 18 août 1830, n’est pas le peuple ; elle n’est, comme les artistes, comme les marchands, etc…, qu’une partie du peuple. »

Enlever ainsi au mot peuple sa signification ordinaire n’eût été qu’une fantaisie frivole si la définition nouvelle qu’on en donnait n’eût caché des intentions profondes. En réalité, on voulait faire disparaître ce qu’il y avait eu d’éclatant et d’original dans la prise de possession de la place publique par la multitude. Et, d’un autre côté, cette communauté d’intérêts qu’on introduisait dans le langage, sans la faire passer dans la vie sociale, avait pour but ou de désarmer ou de calomnier le mécontentement populaire.

La revue de la garde nationale, au 29 août, vint faire trêve à ces défiances et à ces luttes. Une tente avait été dressée pour le roi au champ de Mars, que couvrait une foule immense d’hommes armés. Le général Lafayette distribua des drapeaux aux diverses légions, et reçut leur serment au nom du roi. Le soleil brillait du plus vif éclat. La tenue des légions était magnifique. L’enthousiasme, dont la révolution de juillet avait rempli les âmes, et qui n’était pas encore éteint, s’échappa, durant tout ce jour de fête, en acclamations passionnées et en chants de triomphe. La joie du nouveau monarque