Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/491

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visites mystérieuses qu’il avait faites a l’hôtel de Hollande, rue de la Paix, M. Mauguin lui avait imprudemment offert l’occasion de se faire honneur à lui-même de sa générosité. Il raconta donc, avec une éloquente vivacité, qu’une malheureuse femme qui portait un nom glorieux entre tous dans l’histoire de notre pays, était venue en France avec son fils malade, fuyant l’Italie et bravant les lois cruelles qui la bannissaient du sol où Napoléon avait régné. Il raconta que cette femme s’était adressée au Palais-Royal ; qu’elle avait sollicité, pour quelques jours, une hospitalité qui ne fût pas un danger. Et il avoua que le ministère n’avait pas eu le courage de se montrer inflexible ; que c’était là son crime. L’aveu était noble et toucha l’assemblée. Mais l’orateur était incapable de se modérer. Il voulut s’armer de l’invective contre son ennemi et alors commença entre ces deux hommes le long duel parlementaire qui dévora la vie de Casimir Périer et le précipita au tombeau. Car M. Mauguin avait sur Casimir Périer la supériorité du dédain sur la violence. Aux fureurs de son adversaire il répondait tantôt avec une politesse ironique, tantôt par un sourire glacé, toujours accusateur, mais toujours méprisait et maître de lui.

Ces luttes produisirent dans Paris une forte sensation. Le soir de la séance du 21 et le lendemain, il ne fut bruit que des attaques de M. Mauguin. Mais cette popularité même offusqua, dans la chambre, ceux de ses collègues que leurs opinions rapprochaient de lui. Il avait réclamé une enquête ; le ministère demandait l’ordre du jour : l’ordre du jour