Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/497

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sur la terre étrangère. On ne parlait plus de l’Italie. Le parti apostolique ; en Espagne, l’emportait sur la reine aiguillonnait là férocité de Ferdinand, et se vengeait des tentatives de Torrijos par des cruautés sans nom. Une insurrection, étouffée dans le sang, et les succès du comte de Villaflor, heureux champion de dona Maria, avaient mis le comble, en exaspérant don Miguel, aux infortunes de la nation portugaise. La Belgique, enfin la Belgique elle-même, désormais languissante et mutilée, se courbait sous la dictature de la Conférence, tandis que le roi de Hollande prononçait des discours remplis de menaces et semblait appeler une seconde fois son peuple aux armes.

Et pour tout cela il avait suffi d’une année ; tout cela était l’œuvre de quelques hommes sans génie, sans grandeur, sans prestige, sans habileté, n’ayant d’autre prévoyance que la peur du lendemain et d’autre profondeur que celle du mal voulu avec persévérance. Ainsi, l’égoïsme restait triomphant ; en face des monarchies promptes à se concerter, les peuples soulevés n’avaient pu ni se rapprocher ni s’unir ; et le problême de la solidarité humaine, posé devant le monde sous deux formes différentes, venait d’être résolu dans un sens misérable. Pour surcroît de douleur, le choléra s’était étendu sur l’Europe et la dévastait.

Quant à la France, coupable d’avoir manqué à sa mission et d’avoir souffert qu’on fit violence à son génie, elle allait être plus rudement frappée qu’aucune autre nation. Dans leur amour pour la paix, qui répondait aux sentiments de la classe domi-