Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/498

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nante et à ses intérêts, compris d’une manière étroite et frivole, les ministres français avaient violé les notions les plus élémentaires de la science politique et les règles de la plus vulgaire prudence. Au lieu de conserver la paix, en inspirant aux Puissances la peur de la guerre, ils avaient donne lieu à nos ennemis de nous imposer leurs volontés en nous faisant peur à nous-mêmes. Le vice de cette politique venait d’être clairement démontré par Guillaume qui, nous l’avons déjà dit, eût la gloire de dicter presque les conditions de la paix, en se montrant résolu à ne les point subir. De la conduite du gouvernement français, il devait résulter et il résulta que la voix de la France perdit toute autorité dans les conseils de l’Europe, et que notre diplomatie tomba sous le joug de cette inexorable fatalité d’abaissement que créent des concessions inhabiles. Il n’était pas jusqu’à nos conquêtes en Afrique qui ne dussent être pour nous, comme la suite de cette histoire le montrera, une source de fautes et de calamités.

Il y avait, du reste, une singulière petitesse de vues à croire qu’on obtiendrait, au prix des faiblesses, le repos intérieur. Quand les passions d’un peuple sont fortement éveillées, il faut, si on ne sait pas les employer, se résigner à les combattre. Aussi allait-on voir la France, seule agitée au milieu des peuples redevenus immobiles. Par une juste et mémorable expiation, elle était condamnée à troubler, pendant long-temps encore, ce morne silence qu’elle avait laissé s’établir autour d’elle ; et les passions généreuses, qui partout étaient refou-