Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelles le duc d’Orléans, tout bourgeois qu’on l’ait vu depuis, attachait une importance excessive[1]. Ce jeune duc d’Aumale dont on lui parlait, le duc de Bourbon l’avait accepté pour filleul, mais sans le vouloir pour héritier. Laisser l’héritage des Condés à une famille qu’avaient eue à leur tête les ennemis de la noblesse et de la monarchie, paraissait à l’ancien chef de l’émigration armée une forfaiture et presque une impiété. Il ne pouvait avoir oublié que, transportant sa cour dans une assemblée de régicides, un d’Orléans avait voté la mort de Louis XVI, et

  1. Nous avons entre les mains un dossier de toutes les lettres adressées par le duc d’Orléans au prince de Condé, lettres non publiées. On y trouve à chaque page la preuve des préoccupations éminemment aristocratiques du duc d’Orléans. En voici un exemple entre mille :
    « Neuilly, 1er octobre 1820.

    Comme je sais, monsieur, que vous désirez savoir d’avance ce que j’apprends sur les cérémonies auxquelles nous sommes invités, je m’empresse de vous informer de ce que M. de Brézé est venu me dire hier au soir, relativement au Te Deum qui doit être chanté mardi à Notre-Dame, en actions de grâces de la naissance du duc de Bordeaux. Il m’a dit que le roi n’y serait pas, mais que S. M. serait censée y être, que par conséquent son fauteuil serait placé au centre de nos pliants qui seraient tous sur la même ligne, avec un carreau devant chaque ; qu’il avait ordonné que les neuf pliants fussent pareils ainsi que les carreaux et de la même étoffe ; que monsieur mènerait dans sa voiture M. le duc d’Angoulême, vous et moi, et que nos voitures précéderaient immédiatement les leurs dans le cortége. D’après cela, j’ai dit à M. de Brézé que j’irais à la cérémonie, et je serai mardi matin à dix heures chez monsieur pour l’y accompagner. Je serai en grand uniforme, en bottes avec le cordon bleu sur l’habit, et M. de Brézé doit nous faire savoir si les voitures du cortège seront à huit chevaux ou à deux, afin que nos attelages soient pareils à ceux de nos aînés. S’il ne me faisait rien dire je mettrais la mienne à huit chevaux. Madame la duchesse d’Angoulême mènera de même toutes les princesses qui seront par conséquent cinq dans la voiture.

    « Je profite avec plaisir, Monsieur, etc.

    « L. Ph. d’Orléans. »

    À cette lettre, nous en joindrons une autre qui offre un intérêt tout particulier en ce qu’elle se rattache à l’élévation du duc d’Orléans au