Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/57

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Le duc d’Orléans répondit à cet appel singulier ; il se rendit sur le champ auprès de madame de Feuchères, et, en présence d’un témoin qu’elle avait eu la précaution de faire appeler, il la pria de discontinuer ses instances. La baronne se montra inflexible. De sorte que le duc d’Orléans, sans que la cause de son fils se trouvât compromise, eut auprès du duc de Bourbon tout le mérite d’une démarche honorable et d’un désintéressement peu ordinaire.

Cette situation était trop violente pour ne pas aboutir à quelque scène terrible. Dans la soirée du 29 août 1829, le duc de Bourbon se trouvait à Paris, dans la salle de billard du palais, lorsque, du salon, qu’un simple couloir séparait de cette salle, M. de Surval entendit de grands éclats de voix. On l’appelle, il accourt, et trouve le prince dans un état de colère effrayant. La douleur crispait son visage et il avait l’œil en feu. « Mais voyez donc dans quel état se met sans raison Monseigneur, dit madame de Feuchères : tâchez de l’apaiser. — Oui, Madame, s’écria aussitôt le vieillard, c’est une chose épouvantable, atroce, que de me mettre ainsi le couteau sur la gorge, pour me faire faire un acte pour lequel vous me connaissez tant de répugnance. » Et saisissant la main de madame de Feuchères, il ajouta en accompagnant ses paroles d’un geste expressif : « Eh bien, enfoncez-le donc tout de suite, ce couteau, enfoncez-le. »

Le lendemain, 30 août 1829, le duc de Bourbon rédigeait et signait, hors de la présence de madame de Feuchères, un testament par lequel il créait le duc d’Aumale son légataire universel, et assurait à