Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion, et, dès-lors, la seconde hypothèse acquit l’autorité d’une croyance.

Ainsi s’épaississaient, à chaque pas, les ténèbres qui enveloppaient cette mort imprévue. Pour faire l’autopsie du cadavre, on avait envoyé à St.-Leu M. Marc, médecin ordinaire du roi, M. Pasquier et M. Marjolin. Ils conclurent au suicide. Mais, pour détruire tous les soupçons, ce ne fut pas assez de cet arrêt de la science que des médecins célèbres se hâtèrent, d’ailleurs, au nom de la science, de discuter et de combattre.

Il arriva donc que deux partis se formèrent. Ceux qui croyaient au suicide pouvaient alléguer en faveur de leur opinion : les procès-verbaux ; la mélancolie du duc de Bourbon depuis 1830 ; ses terreurs de royaliste, de vieillard opulent et de gentilhomme ; les déchirements de son âme incertaine au milieu des querelles politiques dont avait naguère retenti sa maison ; l’acte de bienfaisance qu’il avait, le 26, confié aux soins de Manoury, par la crainte de ne pouvoir l’accomplir lui-même ; ses adieux muets aux gens de service dans la soirée qui pour lui fut la dernière ; l’état du corps qui ne présentait d’autres traces de violence que certaines excoriations, suffisamment explicables dans l’hypothèse du suicide ; l’état des vêtements sur lesquels on n’avait remarqué ni désordre ni souillure ; le verrou fermé intérieurement les difficultés matérielles de l’assassinat ; l’impossibilité de dire avec quelqu’apparence de certitude : voici les assassins ! A ces présomptions, les défenseurs de la mémoire du mort répliquèrent par des scènes d’un effet puissant. L’un d’eux, M.