Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/82

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reur de Russie pour lui notifier son avènement. Sa lettre[1] dont toutes les expressions paraissaient pesées avec soin, indiquait, à travers les formes d’une obséquiosité craintive, quelle allait être, au dehors, l’attitude du gouvernement. Pour rassurer l’Europe sur les suites de la révolution de juillet, Louis-Philippe ne la montrait que comme une résistance malheureuse, mais inévitable, à d’imprudentes agressions. Lui-même il se donnait pour le modérateur des victorieux, et le protecteur naturel des vaincus, flattant ainsi, dans ce qu’elles pouvaient avoir de plus absolu, les doctrines monarchiques du Czar. Dans le même but, l’auteur de la lettre protestait de son respect pour le souverain déchu, que, même après sa chute, il désignait par ces mots le roi Charles X; hommage rendu au principe de la légitimité ! Ce qu’il y avait de compromettant à faire l’éloge de la charte, Louis-Philippe l’atténuait en rappelant qu’elle était un fruit de l’invasion et un bienfait de l’empereur Alexandre. Enfin, il faisait dépendre adroitement de l’appui que la sainte alliance lui prêterait, la conservation de la paix en Europe ; et quoiqu’entièrement dévoué à l’Angleterre, comme on le verra plus tard, il laissait espérer à Nicolas que la catastrophe arrivée à Paris n’aurait point pour résultat de briser l’alliance projetée par le ministère Polignac, entre la France et la Russie.

L’histoire que nous allons écrire était d’avance, et tout entière, contenue dans cette lettre.

L’empereur Nicolas ne s’était pas attendu sans doute, de la part du gouvernement français, à ces

  1. Voir aux documents historiques.