Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/88

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M. Odilon-Barrot leur servit d’introducteur. Le roi les accueillit avec une grâce parfaite. Il reconnut que la France était menacée d’une guerre sur les bords du Rhin ; que l’orage pouvant à toute heure gronder sur elle du côté du nord, il importait qu’au midi elle fut mise à l’abri de toute attaque. Il ajouta que la protection promise par Ferdinand VII aux carlistes du midi lui paraissait alarmante, et qu’il était par conséquent d’un haut intérêt politique de leur enlever les Pyrénées. Il ajouta qu’il n’ignorait point que cette politique le poussait à combattre des intérêts de famille. « Mais en ce qui concerne Ferdinand VII, continua-t-il, on peut le pendre si on veut ; c’est le plus grand coquin qui ait jamais existé » Les représentants du comité voyant le roi dans de semblables dispositions, crurent le moment venu de lui parler des projets des réfugiés espagnols. Ces projets consistaient à offrir la couronne d’Espagne au duc de Nemours en lui donnant pour épouse Dona Maria, ce qui aurait fait prévaloir dans l’Espagne et le Portugal réunis, l’influence française et les traditions de la politique de Louis XIV. Une pareille proposition était peu acceptable, à cause de la haine que se portent l’un à l’autre le peuple espagnol et le peuple portugais. Ce ne fut point, toutefois, par ce motif que le roi la repoussa. Il s’exprima sans détour sur le danger de céder à une tentation de ce genre. Il voyait dans l’offre d’une couronne pour un de ses fils quelque chose de singulièrement hasardé, et ne voulait point se compromettre aux yeux de l’Europe. Quant aux secours d’argent qui lui étaient demandés, il s’abstint égale-