Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fortune lui fut d’abord favorable : autour de son drapeau, qui était celui d’un proscrit, quelques généreux Espagnols accoururent. Mais de douloureux mécomptes lui étaient réservés. Un autre chef de bande, le général Chapalangarra, était entré en Espagne avec cette conviction fatale que, pour soulever la contrée, il lui suffirait de se montrer ; et à ceux qui lui représentaient les dangers d’une aussi grande confiance, il avait répondu : « Les balles me respectent trop pour m’atteindre. D’ailleurs, qu’importe ? Je montrerai, du moins, comment sait mourir un soldat de la liberté. » En effet, ayant aperçu un poste de royalistes, il s’avança seul sur la route après avoir défendu aux siens de faire feu, et prononça quelques paroles amies. On lui répondit par une décharge : il tomba mort. Ses compagnons, trop faibles pour résister, reculèrent jusqu’à une auberge où était établi un poste de cent hommes, que les royalistes avaient fait reconnaître par un espion déguisé en marchand de gâteaux. Ce poste, vivement attaqué, se défendit avec vigueur. Là combattaient pour la cause de l’Espagne huit volontaires parisiens, dont quatre se firent tuer ; les quatre autres, après s’être battus vaillamment, parvinrent à se sauver à la nage. La troupe de Chapalangarra fut décimée et se dispersa. Premier échec qui n’était que le signal d’un grand désastre ! Privé d’un appui sur lequel il avait compté et accablé par des forces supérieures, Valdès s’était concentré à Vera, où il ne pouvait manquer d’être cerné et de périr. La nouvelle en arrive jusqu’à Mina, qui se décide alors à quitter Bayonne pour courir au secours