Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/92

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de son frère d’armes. Il rassemble ses compagnons, trompe la surveillance de l’autorité, oppose la bonne volonté de quelques patriotes français aux douaniers qui veulent arrêter les caisses de médicaments qu’il emporte avec lui, et passe enfin la frontière après bien des obstacles et des périls. Une mésintelligence profonde existait entre Mina et Valdès. Le premier ne voulait que réduire Ferdinand VII à des concessions libérales ; le second voulait le détrôner. Mais, en s’apercevant, les deux chefs se tendirent la main, sacrifiant leurs répugnances à la patrie qui les appelait sur le même champ de bataille. Valdès restant à Vera, Mina courut à Irun, dont il se rendit maître. Malheureusement les chefs espagnols n’avaient pu prévoir, en commençant leur entreprise, tous les dangers qui les attendaient.

Il avait été convenu qu’au moment où Mina entrerait en Espagne par la Navarre, le général Placensia y entrerait par l’Aragon, de manière à tenir en échec les troupes de cette dernière province. Mais, sur l’ordre du gouvernement français, des armes envoyées au général Placensia furent saisies, cinq cents fusils et six mille cartouches, rassemblés par les soins du général Vigo furent confisqués à Maulian, et pareille confiscation eut lieu à Bagnères, chez le général Gurrea : car le gouvernement français mettait à faire échouer les efforts des patriotes espagnols autant d’ardeur qu’il en avait mis d’abord à les exciter. D’un autre côté, on informait soigneusement le gouvernement espagnol de toutes les mesures prises en France. Le capitaine général de l’Aragon apprit donc que cette province n’était pas