Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 2.djvu/96

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bien que dans ta nuit du 25 au 26 août 1830 ce cri avait retenti dans les rues de Bruxelles : Imitons les Parisiens. Le mouvement qui, alors, emporta quelques jeunes gens, au sortir d’une représentation de la Muette, n’eût d’abord que le caractère d’une émeute. La maison d’un journaliste ministériel, mise au pillage ; le drapeau tricolore déployé quelques boutiques d’armuriers envahies ; les vitres de la cour d’assises brisées ; l’hôtel du ministre de la justice, Van Maanen, incendié aux cris de joie de la multitude : là semblaient devoir se borner les vengeances de la nation belge contre la Hollande. C’était une protestation violente plutôt qu’un essai de révolution.

Et en effet, presque tous les industriels de là Belgique étaient unis à la Hollande par le lien de leurs intérêts privés : les plus hardis ne désiraient guère qu’une séparation administrative, avec le prince d’Orange pour roi. Le peuple était disposé à vouloir davantage, non par suite d’une appréciation bien nette de ses intérêts, mais parce qu’il était entretenu dans des sentiments de haine et de révolte par le clergé catholique.

Cette divergence de sentiments se manifesta dès le lendemain de l’émeute du 25 août. La première pensée de la bourgeoisie appartint au rétablissement et au maintien de l’ordre. On s’empressa d’envoyer à la Haye une députation chargée de présenter au roi Guillaume une adresse respectueuse qui se terminait par ces mots : « Pleins de confiance dans la bonté de votre majesté et dans sa justice, les citoyens de à Bruxelles n’ont député vers vous leurs concitoyens