Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/104

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la scène était occupée tout entière par l’école saint-simonienne.

Il fut donné à cette école de réhabiliter le principe d’autorité, au milieu des triomphes du libéralisme ; de proclamer la nécessité d’une religion sociale, alors que la loi elle-même était devenue athée ; de demander l’organisation de l’industrie et l’association des intérêts, au plus fort des succès mensongers de la concurrence. Avec une intrépidité sans égale, avec une vigueur soutenue par un talent élevé et de fortes études, cette école mit à nu toutes les plaies du siècle, elle ébranla mille préjugés, elle remua des idées profondes, elle ouvrit à l’intelligence une carrière vaste et nouvelle. L’influence qu’elle exerça fut grande et dure encore. Il importe donc de dire ce que furent les saint-simoniens, ce qu’ils accomplirent, ce qu’ils apportèrent à une société troublée, de vérités ou d’erreurs, et à quelle source furent puisées, de quelle manière se développèrent ces doctrines qui devaient être tour à tour un objet d’étonnement, de risée et de colère.

Le fondateur de l’école saint-simonienne était mort depuis cinq ans lorsque la révolution de juillet éclata. Il appartenait à une des plus nobles maisons de France, il était l’héritier du nom et des armes de ce fameux duc de Saint-Simon, l’historien du règne de Louis XIV, le dernier de nos véritables grands seigneurs ; et pourtant, il venait attaquer tous les privilèges de naissance et affirmer que la guerre est impie. Car c’était un homme puissant par l’indépendance de l’esprit et l’audace du