Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/173

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Le but de ces singuliers conspirateurs était, en sonnant le tocsin, de donner le signal de la révolte à divers groupes de mécontents répandus dans la capitale et qui se tenaient prêts à marcher.

Les individus arrêtés furent mis en prison et jugés deux mois après. Leur tentative n’avait eu rien de sérieux ; mais leur procès eut beaucoup d’importance, à cause de la lumière qu’il jeta sur les manœuvres de la police. Il résulta, en effet, soit des détails de l’instruction et des interrogatoires, soit de la déposition des témoins, que la police avait été instruite du complot plusieurs jours à l’avance, et par une lettre du général Darriule, confident des dénonciations d’un agent obscur nommé Mathis, et par les révélations d’un galérien nommé Pernot. Or, aucune précaution n’avait été prise pour empêcher l’exécution du complot, quoiqu’il eût suffi pour cela de fermer les portes des tours. Il paraissait même incontestable que M. Carlier, chef de la police municipale, avait dit au gardien Gilbert de ne concevoir aucune inquiétude. D’autres circonstances bizarres furent mises en relief par ce procès. Ainsi, la nouvelle de la conspiration avait été annoncée au journal anglais le Times, par une lettre de Paris datée du 5 janvier. Avant même que les agents de la force publique eussent pénétré dans les tours, il avait été question parmi eux d’une barricade élevée réellement par les accusés. Au moment de l’arrestation de Considère, un sergent lui avait flairé les mains pour s’assurer si elles ne sentaient pas l’essence, d’où l’on pouvait conclure que ce fait particulier d’une bouteille d’essence portée