Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/203

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femmes, se forma devant l’hôtel de la préfecture. La foule criait à bas le préfet ! cri auquel se mêlaient des rires et des huées. Il y avait là certainement un désordre qu’il était dans le droit et du devoir de l’autorité de ne point tolérer. Mais pour le faire cesser, il eût suffi d’une simple sommation, du genre de celles que la loi prescrit. Car, pas une arme ne brillait dans les groupes, et les dispositions du peuple étaient si peu hostiles, que pour lui faire évacuer la cour dans laquelle il s’était répandu, on n’eut besoin que d’y envoyer cinq soldats. Refoulés dans la rue et grossis à chaque instant par le flot des passants et des curieux, les groupes continuèrent à crier : à bas le préfet ! sans essayer toutefois de violer la consigne, et sans changer leur gaité en menace. Ils commençaient même à se disperser, lorsque l’arrestation brutale d’un jeune homme par un agent de police vint donner au tumulte un aliment inattendu.

Cependant, les commissaires de police Vidai et Jourdan étant venus annoncer au préfet que le bataillon de la garde nationale convoqué par lui ne s’est point rassemblé, M. Duval leur enjoint de se rendre à la caserne, d’y prendre chacun une compagnie, et de cerner les perturbateurs. Ordres ~nestes qui ne furent que trop bien compris ! Au moment où, resserrée dans la rue qui la contenait, la foule réclamait à grands cris le prisonnier qui s’était endormi dans le corps-de-garde, parce qu’il était ivre, et que le premier adjoint du maire allait faire élargir, deux compagnies marchaient vers l’hôtel de la préfecture par deux routes diverses,