Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/259

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Berri, avait dit le général Sébastiani, prétend faire de Naples le théâtre de ses intrigues, la France a des soldats, elle a des vaisseaux, et Toulon n’est pas loin de Naples. » Ces paroles, transmises par le prince de Castelcicala au gouvernement napolitain, lui causèrent les plus vives alarmes. Il n’ignorait pas que la cour de France, si facile sur tout le reste, ne manquerait pas sur une question purement dynastique, et vis-à-vis d’une petite Puissance, de se montrer intraitable. Sur ces entrefaites, le roi de Naples étant revenu de Sicile, quelques-uns de ses conseillers, et entr’autres le ministre de la guerre Fardella, lui firent peur du cabinet des Tuileries, et il résolut de refuser à sa sœur l’entrée de son royaume, ce qui serait arrivé si le prince Cassaro n’eût fait sentir à sa majesté sicilienne tout ce qu’il y aurait dans un pareil refus de déshonorant et de lâche. Il fut donc loisible à Marie-Caroline d’aller revoir Naples. A Rome, le pape l’accueillit avec beaucoup de bonté ; mais le comte de Lutzow, ambassadeur d’Autriche, et, à son exemple, les ambassadeurs de Prusse et de Russie s’abstinrent de paraître chez elle, négligence affectée à laquelle son orgueil de princesse et de mère fut extrêmement sensible ! A Naples, elle trouva dans son frère une bienveillance démonstrative, mais avare et stérile ; et, après un séjour que rendaient cher à son cœur quelques souvenirs de jeunesse, elle reprit la route de Massa, où M. de Saint-Priest, qu’elle avait rencontrée à Naples, s’empressa de la suivre et où elle s’absorba tout entière dans les soucis de son ambition maternelle.