Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/309

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dragons, M. Desolliers, déploya-t-il en cette circonstance une modération courageuse, on demandait de toutes parts que les soldats rendissent leurs armes, on leur lançait des pierres du haut d’un toit voisin, et les plus animés se glissaient jusque sous le poitrail des chevaux, couchant en joue les dragons, dont deux furent blessés. Si plus de sang ne coula pas sur ce point, ce fut grâce à l’énergique intervention de MM. Dufour, Devauchelles, Soubiranne et Larabit. Ce dernier, député de l’Opposition, jouissait d’une réputation méritée d’honneur et de civisme : ses efforts contribuèrent puissamment à prévenir, sur ce théâtre des évènements, une collision, qui, ailleurs, ne pouvait déjà plus être évitée.

Prévenu par un sous-officier déguisé, de la situation critique des dragons du quai Morland, le colonel était sorti de la caserne à la tête d’un second détachement, et il se dirigeait, au bruit des fanfares, vers la place de l’Arsenal pour aller rejoindre le premier détachement par le boulevard Bourdon, de manière à tourner les insurgés. Mais à peine avait-il fait vingt pas hors de la caserne qu’une décharge renversa quelques soldats. Les dragons alors prirent le galop, et, traversant la place de l’Arsenal, vinrent charger sur le boulevard Bourdon. Le commandant Cholet y fut blessé à mort.

Cependant, du sein de la foule répandue autour du pont d’Austerlitz, dans la rue Contrescarpe, un cri s’élève : voici les dragons ! Ils arrivaient en effet au grand galop, balayant tout sur leur passage. A cette vue, chacun de s’indigner, indignation légitime ! Car le point sur lequel les dragons avaient