Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/312

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vif et perd son capitaine, M. Turpin. Le second, commandé par le lieutenant Sénancourt, gagne la caserne qu’il dégage ; mais bientôt, apprenant que Sainte-Pélagie est menacée, les gardes municipaux y retournent à pas précipités emmenant avec eux les vétérans. Non loin de là, et sur la place Maubert, où un poste venait d’être en partie égorgé, un engagement avait lieu entre les insurgés et un peloton de cavalerie, soutenu par des fantassins ; la poudrière des Deux-.Moulins était emportée, et toute la ligne des barrières appartenait à la révolte.

Sur la rive droite, les progrès de l’insurrection n’étaient pas moins rapides. Les républicains s’étaient rendus maîtres de l’Arsenal ; ils avaient enlevé le poste de la Galiote et celui du Château-d’Eau ; ils dominaient tous les quartiers du Marais ; la mairie du 8e arrondissement était en leur pouvoir ; la fabrique d’armes de la rue Popincourt, envahie avec succès, leur avait livré douze cents fusils ; ils s’étaient avancés jusqu’à la place des Victoires, et se préparaient à assaillir la Banque, l’hôtel des Postes, la caserne des Petits-Pères. Mais ils s’étaient surtout attachés à rendre inabordables la rue Saint-Martin et les rues circonvoisines, voulant y établir le quartier-général de l’insurrection, et ne se doutant guère que ce jour-là même MM. Thiers, Mignet, D’Haubersaërt, et autres personnages dévoués au gouvernement de Louis-Philippe se trouvaient réunis à table dans le restaurant du Rocher de Cancale, à cinquante pas du camp où des républicains se fortifiaient, bien résolus à proclamer victorieusement la république, ou à mourir.