Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/33

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posée du peuple qui la dispense. Assez orgueilleux pour braver les lointaines rumeurs de la place publique, Casimir Périer n’avait pas le cœur assez haut pour affronter les ressentiments de la bourgeoisie.

La chambre des députés ayant nommé une commission pour examiner le projet qui lui était soumis, M. Bérenger présenta, le 19 septembre, un rapport où la question était laborieusement discutée ; et, le 30 septembre, les débats s’ouvrirent.

Mais le premier problème à résoudre était celui-ci : la chambre des députés, en décidant du sort de la pairie, agissait-elle comme pouvoir constituant et souverain ? ou bien, la pairie serait-elle appelée à ratifier la haute sentence dont elle allait être l’objet ?

La difficulté était inextricable, au point de vue du droit et de la logique, parce qu’après la révolution de juillet, le pouvoir nouveau s’était constitué en violation de tous les principes. Demander à la pairie elle-même si elle consentait à perdre la plus précieuse de ses prérogatives, c’était faire naître entre les trois pouvoirs l’occasion d’un effroyable conflit et exposer l’État à une secousse. Se passer de l’assentiment de la chambre des pairs, c’était attribuer à la chambre des députés le caractère d’assemblée constituante : le pouvait-on ? M. de Cormenin prouva le contraire avec une singulière vigueur de style et de pensée dans un pamphlet fameux. On y lisait : « Les constitutions doivent précéder les lois : donc les congrès doivent précéder les chambres. Qui nomme les congrès ? le peuple. Qui nomme