Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/364

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notions que celles d’un panthéisme confus ! Quant à leurs cérémonies, le gouvernement n’était guère excusable de les ignorer, lui qui avait envoyé à Ménilmontant, pour s’en instruire, et ses commissaires de police, et ses gendarmes, et ses soldats. Il est vrai que les saint-simoniens s’occupaient tout autant de l’ordre temporel que de l’ordre spirituel. Mais comment l’avocat-général avait-il osé prétendre que le propre de toute religion est de laisser en dehors de son influence les intérêts sociaux et politiques de l’humanité ? Est-ce que la religion des Indous, celle des Égyptiens, celle des Guèbres, celle des Hébreux, celle des Druides, celle des adorateurs d’Odin, est-ce que le fétichisme africain, est-ce que l’Islamisme, n’avaient pas embrassé la morale et la politique, n’avaient pas réglé les relations de peuple à peuple, de caste à caste, d’individu à individu ? Le catholicisme lui-même n’avait-il pas fait de la politique, en changeant la condition des femmes et en poussant les sociétés à détruire l’esclavage ? Les beaux temps du christianisme ne s’étaient-ils pas composés d’une série de tentatives sur l’ordre temporel, sur César ? Et l’avocat-général ignorait-il d’aventure ce mot d’un savant historien : « Le royaume de France est un royaume fait par des évêques » ? Après cela, que prétendait-on quand on reprochait aux saint-simoniens d’avoir demandé de l’argent ? De l’argent ! il en avait fallu aux premiers chrétiens, eux qui, suivant les actes des apôtres, « mettaient en commun tout ce qu’ils possédaient, vendant leurs terres et leurs biens, pour les distrihuer à tous, selon le besoin que