Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/392

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reçu. « Dans une maison, lui dit M. Duguigny, où Madame ne se rend que pour vous donner audience et qu’elle quittera aussitôt après. » A quelques pas de la maison, M. Duguigny fit observer à Deutz que l’une des deux domestiques de Madame, Marie Boissy, n’était pas très-discrète, quoique d’une fidélité à toute épreuve ; que devant elle par conséquent il fallait se tenir sur la réserve. Aussi Deutz s’empressa-t-il de demander, à l’aspect de la domestique qui vint ouvrir la porte : « Est-ce de celle-là, que vous m’avez parlé ? » Et sur la réponse affirmative de M. Duguigny, il ajouta : « Et l’autre, est-ce qu’elle est discrète ? » Introduit par son guide, Deutz fut reçu dans une chambre où se trouvaient les deux demoiselles Duguigny, Mlle Stylite de Kersabiec et M. Guibourg. M. Duguigny affecta de demander si Madame était arrivée, et on lui répondit qu’on le croyait, parce qu’on avait entendu du bruit dans la pièce voisine. A l’instant même, M. de Mesnard entrait. Ne le reconnaissant pas, bien qu’il l’eût vu en Italie, Deutz se trouble, recule, et s’écrie avec un accent d’effroi : « Qu’est-ce donc ? Où suis-je ? » Le malheureux se rappelait sans doute le serment prêté entre les mains de M. de Choulot La duchesse de Berri parut à son tour, et s’adressant à Deutz, elle lui demanda d’un ton affectueux des nouvelles de sa santé. Deutz ne put répondre qu’en s’inclinant ; puis, sans avoir prononcé une seule parole, il suivit la duchesse de Berri et M. de Mesnard dans la mansarde qu’il désigna plus tard à la police sous le nom de salon de réception. L’entrevue se prolongea jusqu’à huit heu-