Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/394

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plus importante. Et voilà pourquoi Deutz aurait voulu entraîner le maréchal chez la duchesse de Berri. Quoi qu’il en soit, M. de Bourmont fut assez heureux pour échapper à ce piège. Dans la soirée, il sortait de Nantes, accablé de chagrin, en proie à une fièvre ardente, et soutenu sur le bras d’un ami.

Cependant, l’heure fatale allait sonner pour la duchesse de Berri ; car, cette fois, toutes les mesures avaient été prises. Des troupes, sous le commandement du général Dermoncourt, avaient été chargées de l’investissement du quartier. Deutz est introduit auprès de la duchesse de Berri, sa bienfaitrice. Le visage de ce misérable est calme ; ses paroles ne respirent que le dévoûment et le respect. Cependant un jeune homme entre, et remet à la princesse une lettre dans laquelle on lui annonce qu’elle est trahie. Elle se tourne alors vers Deutz, lui fait part de la nouvelle reçue, l’interroge du sourire. Lui, maîtrisant son trouble, il répond par des protestations plus vives de gratitude, de fidélité. Mais à peine s’est-il retiré que des baïonnettes brillent de toutes parts ; des commissaires de police se précipitent dans la maison, le pistolet à la main. Avertie de l’approche des troupes, la duchesse de Berri n’a que le temps de se réfugier, avec Mlle Stylite de Kersabiec, MM. de Mesnard et Guibourg, dans une petite cachette pratiquée à l’extrémité de la chambre de la duchesse, cachette formée par l’angle du mur et dont la plaque de la cheminée masquait l’entrée. Ne trouvant dans la maison que les deux