Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/395

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demoiselles Duguigny, Mme de Charette et Mlle Céleste de Kersabiec qui toutes quatre font bonne contenance, les commissaires de police, et M. Maurice Duval à leur tête, se livrent aux perquisitions les plus minutieuses. Des sapeurs et des maçons ont été appelés : on ouvre les meubles ou on les enfonce ; on sonde les murs à coups de hâche, de marteau ou de merlin. La nuit était venue, et l’œuvre de démolition continuait. Dans l’étroit espace où ils étaient emprisonnés, la duchesse et ses compagnons n’avaient, pour respirer, qu’une mince ouverture à laquelle il fallait que chacun d’eux vînt successivement coller sa bouche. Du feu allumé dans la cheminée à diverses reprises transformait la cachette en une fournaise ardente, et il y eut un moment où les madriers l’ébranlèrent au point que ceux qu’elle étouffait dans un cercle invincible tremblèrent d’y avoir trouvé leur tombeau. Il fut décidé, au dehors, que la maison serait occupée militairement jusqu’à ce qu’on eût découvert la princesse, et cette décision, entendue de la cachette, y porta le désespoir. L’agonie des reclus durait depuis seize heures, lorsque deux gendarmes, qui occupaient la chambre, allumèrent un grand feu avec des tourbes et des journaux. Il fallut se rendre alors : Mlle Stylite de Kersabiec cria : « Nous allons sortir, ôtez le feu » et, d’un coup de pied, M. Guibourg fit tomber la plaque, devenue rouge. Le feu fut à l’instant dispersé par les gendarmes, et tandis que, sur le foyer brûlant, la duchesse de Berri se traînait pâle, chancelante, épuisée de fatigue et d’émotion, le général Der-