Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/407

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entièrement semblable au premier, mais chargé et amorcé, fut remis aux agents de la force publique.

Ayant repris ses sens, la femme dont nous avons parlé raconta d’un ton plein de terreur qu’un jeune homme était venu se placer devant elle ; qu’il avait tiré de sa poche un pistolet, et que, pour mieux ajuster le roi, il s’était fait un point d’appui de l’épaule d’un soldat. Elle ajouta qu’elle s’était alors efforcée de saisir le bras du jeune homme, mais qu’il l’avait repoussée d’un coup violent dans la poitrine, et que la brusquerie de ce mouvement avait dérangé la direction de l’arme meurtrière. Mlle Boury, c’était son nom, donna, sur le lieu même, le signalement du coupable et les renseignements les plus précis. On la conduisit ensuite aux Tuileries, où, après avoir subi un nouvel interrogatoire, elle fut présentée à de hauts personnages qui la comblèrent de félicitations et de caresses. On s’enquit de sa position, qui était assez modeste, et l’on apprit qu’elle était venue de Bergues à Paris pour solliciter la survivance d’une direction de poste. Elle n’en fut pas moins entourée de soins délicats ; l’hôtellerie où elle était descendue ne fut pas jugée digne de recevoir une femme devenue à ce point importante dans l’État ; les journaux de la cour ne parlèrent plus de Mlle Boury qu’avec respect, et affectèrent de l’appeler exclusivement : « La jeune personne qui a sauvé le roi. » Lui, cependant, il était arrivé au Palais-Bourbon, où la nouvelle du danger couru ne l’avait point précédé. Aussi, n’y eut-il rien d’insolite dans la réception que les députés firent au monarque ; les