Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/423

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À ces attaques, les défenseurs du gouvernement répliquèrent, les uns, comme M. Roul, avec un emportement injurieux, les autres, comme M. Duvergier de Hauranne, avec une conviction calme et raisonnée, qu’un système de demi-mesures eût inévitablement perdu l’Etat au milieu de tant de passions furieuses et dans ce choc de toutes les factions ; qu’on encourageait la révolte en refusant aux ministres les moyens de lui écraser la tête ; que ce n’était pas trop de toute l’énergie déployée jusqu’alors pour abattre cette audace des partis, qui, de l’insurrection, se réfugiait dans l’assassinat ; que l’Opposition mentait à ses propres principes, lorsqu’après avoir réclamé à grands cris l’application de l’état de siège aux provinces de l’Ouest, elle trouvait mauvais que l’état de siège fût appliqué à la capitale, livrée, comme l’Ouest, à tous les dangers, à toutes les horreurs de la guerre civile. Ensuite, prenant l’offensive, le parti ministériel reprochait à l’Opposition d’avoir poussé à l’anarchie par la publication de son fameux compte-rendu. Que ne donnait-elle plutôt à ce gouvernement dont elle avait semé la route d’obstacles, des conseils utiles et modérés ? Que n’apprenait-elle aux ministres, en termes plus clairs et plus précis, cet art précieux de bien gouverner, dont elle semblait se vanter de posséder seule le secret ? « Qu’auriez-vous fait à notre place, criait M. Thiers à ses adversaires ? Comment auriez-vous surmonté tant de difficultés, conjuré tant de périls ? Voyons, indiquez-nous vos procédés ; initiez-nous aux mystères de votre sagesse ! »