Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/437

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Aussi l’indignation fut-elle grande à Bruxelles. L’anathème y fut lancé de toutes parts, et contre la diplomatie, qui condamnait depuis si long-temps la Belgique à un provisoire mortel ; et contre le ministère belge qui avait engagé l’avenir du pays dans ces voies tortueuses ; et contre le gouvernement français, qui n’avait encore su que ramper tristement à la suite de la Conférence. L’irritation des Belges n’était que trop légitime. Placés par les fluctuations de la diplomatie entre le déshonneur et la ruine, ils voyaient déjà leur industrie paralysée, leur commerce tari dans sa source, leur crédit perdu, leur nationalité flottant au gré de tous les caprices ou au souffle de tous les hasards. Les Orangistes, d’ailleurs, mettaient à profit les désordres nés de tant d’incertitudes, pour tenter les esprits faibles, calomnier la révolution, et rejeter sur le principe de la révolte la responsabilité des maux croissants de la patrie. L’enlèvement de M. Thorn, membre du sénat belge, par une bande audacieuse, et l’incarcération de ce personnage dans une prison de Luxembourg, fut un aliment de plus aux passions qui fermentaient partout. Un même cri s’éleva de tous les points de la Belgique : Il faut en finir !

Mais la diplomatie ne présentait d’égal au scandale de ses usurpations que celui de son impuissance, et elle tenait l’anarchie suspendue sur cette Europe dont elle prétendait régler les destins. Aux complications résultant des réserves de la Russie vinrent s’ajouter celles dont le germe était contenu dans le protocole du 4 mai, lequel décla-