Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/450

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Pour ce qui est des cabinets de St-Pétersbourg, de Vienne et de Berlin, leurs motifs étaient différents, quoique empreints, vis-à-vis de nous, d’un caractère non moins manifeste de défiance et d’hostilité. La Russie, l’Autriche et la Prusse ne pouvaient se dissimuler que, dans la querelle engagée entre la Hollande et la Belgique, celle-ci représentait le principe révolutionnaire puisque sa nationalité rajeunie datait des journées de septembre. Or, souffrir que les Français et les Belges tirassent ensemble l’épée contre le roi de Hollande, c’eût été annoncer clairement au monde que le principe révolutionnaire l’emportait ; que l’autorité morale de la révolution de juillet pesait plus que le principe du droit divin, plus que les traités de Vienne, dans la balance des délibérations diplomatiques. L’alliance militaire des Français et des Belges, c’était un coup mortel porté à la Sainte-Alliance, c’était la révolution de 1830 couvrant de sa force et de sa majesté l’atteinte portée en septembre aux traités de 1815 Et voilà précisément ce que ne voulaient pas l’Autriche, la Russie et la Prusse. Elles imposaient au cabinet des Tuileries l’obligation, de combattre à côté des Belges, chez eux, et sans eux, pour qu’il fût bien constaté que si notre armée entrait en campagne, ce n’était pas dans un intérêt belge ou français c’est-à-dire révolutionnaire, mais dans un intérêt, au contraire, diplomatique et anti-français. Réduire notre armée à ne paraître et à n’être en réalité que la gendarmerie de la Conférence, tel était l’unique but de l’inaction humiliante à laquelle la diplomatie condamnait les Belges, dans une que-