Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/451

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relle qui était la leur cependant, et dans laquelle nous n’aurions dû figurer, nous, que comme leurs alliés et leurs amis.

Quelque artificieux que fut un pareil plan, on s’explique qu’il ait été conçu par les ennemis de la France mais que le gouvernement français ait contribué de tout son pouvoir à faire réussir des combinaisons aussi ouvertement dirigées contre nos intérêts et notre honneur, c’est ce que la postérité, sans doute, aura de la peine à croire. Nous-même, sans les révélations douloureuses que nous a fournies une enquête longue et opiniâtre, nous-même nous n’aurions jamais jugé de tels attentats possibles et il est certain que la France ne les aurait pas soufferts, sans les ténèbres dans lesquelles la diplomatie ensevelissait la honte de ses artifices.

Il faut ajouter que rien n’était plus propre à compromettre le succès du siège projeté, que l’inaction imposée aux Belges. Car, pour rafraîchir la garnison de la citadelle d’Anvers, pour’la renforcer en temps opportun, et la mettre en état d’opposer aux Français une longue résistance, les Hollandais n’avaient qu’à couper la digue, de l’Escaut près du fort Sainte-Marie et celle du Blockersdick. On n’ignorait pas que tel était leur dessein ; que, pour l’accomplir, ils avaient préparé des bâtiments sur lesquels étaient embarqués des outils à pionniers ; et il était probable que cette entreprise sur les digues serait tentée au premier bruit de la marche des Français. Aussi le général Evain, ministre de la guerre en Belgique, avait-il pris ses mesures en conséquence. Il s’agissait donc de savoir si, en contraignant les Belges à