Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 3.djvu/66

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sécurité s’il devenait loisible au pouvoir d’intervenir dans l’industrie et de prêter un complaisant appui aux exigences turbulentes des ouvriers ? » Ils s’échauffaient ainsi l’un l’autre par des discours passionnés. Quelques-uns refusèrent d’exécuter le tarif le conseil des prud’hommes les condamna. L’irritation devenait de jour en jour plus vive. Enfin, vers le 10 du mois de novembre, cent quatre fabricants se réunirent et signèrent un mémoire où ils protestaient énergiquement contre le tarif, et se plaignaient des exigences injustes des ouvriers qui ne demandaient, disaient-ils, des salaires exagérés que parce qu’ils s’étaient créé des besoins factices. Des rumeurs menaçantes circulèrent alors dans la ville ; M. Bouvier-Dumolard lui-même fut intimidé ; et, le 17 novembre, on lut dans le conseil des prud’hommes une lettre de lui, dans laquelle il était dit que, le tarif n’ayant jamais eu force de loi, il n’était obligatoire pour personne et pouvait tout au plus, comme engagement d’honneur, servir de base aux transactions entre le fabricant et l’ouvrier. D’un autre côté, on faisait courir le bruit que le ministre du commerce, à Paris, ayant rassemblé chez lui les députés du Rhône, avait improuvé devant eux et l’établissement du tarif et la conduite du préfet. En même temps on employait toutes sortes de moyens pour pousser l’autorité civile à des mesures de rigueur. Le lieutenant-général Roguet voulait qu’on affichât la loi sur les rassemblements, pour empêcher les ouvriers de faire une manifestation semblable à celle du 25 octobre. La troupe de ligne resta casernée pendant huit