Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/10

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ches, le regard domine un immense horizon. A l’ouest, c’est le fleuve qui a dans cet endroit la majesté mélancolique de la mer ; du nord à l’est et au sud, ce sont des coteaux couverts de vignes, de maisons de plaisance, de moulins, de fabriques. Le séjour de la citadelle est froid ; les brises y sont dangereuses les phthisiques y meurent vite.

Ce fut là que le gouvernement fit conduire la duchesse de Berri ; et toutes les mesures furent prises pour l’y retenir long-temps prisonnière. La place fut armée comme si l’ennemi eût campé aux portes. Les canons, montés sur leurs affûts et braqués, étaient munis de tout le matériel que réclamait leur service. Les portes Dauphine et Royale, les seules qui existent, furent rendues inabordables et non loin de la citadelle, la corvette la Capricieuse vint jeter l’ancre dans les eaux de la Gironde, et former avec deux péniches une ligne de défense du côté du fleuve. Partout des factionnaires vigilants, partout le bruit et l’appareil des armes. La garnison, composée de plus de neuf cents hommes, fut consignée, et le service se fit aussi sévèrement que dans une ville assiégée. Le matin, à six heures, un coup de canon, tiré de la citadelle et répété par la corvette, commandait l’ouverture des portes ; puis, les tambours battaient la diane, et d’intervalle en intervalle divers roulements se lisaient entendre, annonçant, les devoirs de la vie militaire. Le soir, à six heures, un autre coup de canon retentissait, et l’on fermait les portes jusqu’au lendemain. La maison où la princesse était détenue fut entourée d’une double