Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/102

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ce rapport, l’œuvre de M. Guizot était d’une portée funeste. Mais elle avait d’autres défauts non moins graves quoique moins éclatants.

En créant aux instituteurs communaux une existence précaire et misérable, le gouvernement appelait des hommes sans mérite et sans consistance à une des plus hautes fonctions de l’État. Encore n’avait-on songé à offrir à ces instituteurs aucune perspective. Or, qu’attendre d’hommes isolés, parqués, pour ainsi dire, dans leurs bourgs ou dans leurs villages, connues à jamais dans leur misère, n’appartenant à aucune association hiérarchique, et n’ayant en conséquence ni l’orgueil fécond que donne l’esprit de corps, ni les excitations qui se puisent dans l’espoir de l’avancement ? Comment ces hommes auraient-ils pu lutter, dans la carrière de l’enseignement, contre les Frères de l’École chrétienne, association compacte, persévérante, et soutenue par le clergé ?

Le travail de M. Guizot était donc sans valeur. Combien n’étàît pas plus élevé, plus profond, plus digne d’un homme d’État le rapport que Lakanal avait présenté à la Convention, le 26 juin 1793, rapport qui contenait des dispositions semblables à celles-ci : « Tout citoyen pourra ouvrir des cours particuliers, mais il y aura auprès du corps législatif une commission centrale chargée de veiller, sur toute là face de la république, à l’uniformité de l’enseignement. — A certains jours de l’année, les enfants et leur instituteur iront, sous la conduite d’un magistrat, visiter les hôpitaux et les prisons. Ces jours-là ils suppléeront dans leurs travaux