Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/118

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tion le sentiment religieux, qu’il savait être la source de toute poésie, de toute force et de toute grandeur.

Il fallait pourtant que cette civilisation égarée retrouvât son chemin car elle marchait évidemment vers quelque horrible catastrophe. Dans des écrits où malheureusement l’autorité de la science était affaiblie par les couleurs trop vives de la passion et de la haine, les républicains établirent que, depuis plusieurs siècles, le prix des objets de subsistance s’était accru dans une proportion beaucoup plus forte que le taux des salaires ; que le peuple n’avait gagné à l’abolition du servage qu’un sentiment de dignité qui lui rendait plus amer son asservissement réel ; que le mouvement de la population, dans les hôpitaux, avait pris un développement monstrueux ; que, dans l’espace de moins d’un demi-siècle, et sous l’influence du régime des tours rendu nécessaire par l’accroissement des infanticides, le rapport des enfants trouvés à la population avait plus que triplé ; que, dans l’espace de dix ans, le nombre des détenus pour dettes avait suivi la même progression ; que, de 1811 à 1833, le nombre des faillites avait quintuplé ; que, de 1809 à 1831, les engagements du mont-de-piété s’étaient accrus de 70 pour cent ; que la consommation annuelle de la viande, qui, d’après Lavoisier, était de 40 livres par personne en 1789 ; et, d’après Sauvepain, de 14 livres 3/4 en 1806 ; et, d’après Chaptal, de 11 livres 1/3 en 1812, avait fini par tomber au-dessous de 8 livres, chiffre de cette consommation en 1826 ; et que le peuple descendait