Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/129

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travaux de l’Assemblée Constituante, et tout ce qui avait amené le triomphe de cette bourgeoisie dont il se portait, lui, M. Dupin, l’avocat et le champion ! Car enfin, s’il était vrai que la loi ne dût pas, même dans l’intérêt et pour le salut de la société, limiter, régler, restreindre dans son extension inique, et exagérée ce droit inhérent à l’individu ; s’il était vrai, selon l’affirmation monstrueuse et impie de Sieyès, qu’une propriété pût être « légitime, quoique nuisible à la chose publique » ; la bourgeoisie s’était donc rendue coupable d’une affreuse spoliation, lorsqu’en 1789 elle avait aboli les droits féodaux, les jurandes, les banalités, les dîmes, les substitutions ; lorsqu’elle avait mis législativement des bornes à la faculté des donations entre vifs et testamentaires ; lorsqu’elle avait décrété le partage égal des héritages ; lorsque naguère encore, ses représentants avaient fait une loi Sur l’EXPROPRIATION POUR CAUSE D’UTILITÉ PUBLIQUE !

Ainsi éclatait la mauvaise foi des dominateurs du jour. Oppresseurs, fils d’opprimés, ils reniaient dans l’ivresse de leur fortune le principe même de leur élévation ; et ils ne rougissaient pas de s’armer contre le prolétariat d’une doctrine qu’ils avaient déclarée Infâme lorsque la noblesse s’en était servie contre eux. Enseignement grave et qui donne à la publication du manifeste de la Société des Droits de l’Homme une véritable importance historique !

Mais, sous un autre aspect, l’importance de cette publication ne fut pas moindre ; et il en résulta, au sein du parti démocratique, des débats du plus haut intérêt.