Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses partisans les plus fanatiques. Et cet abandon fut mérité : car il suivit la divulgation d’un secret terrible, divulgation dont le scandale ne fut pas une trop sévère expiation de l’attentat que la duchesse de Berri avait commis, lorsque, faisant du peuple son patrimoine, elle était venue déchaîner sur la France la guerre civile.

Cependant, la joie régnait à la Cour. On paraissait y avoir oublié que la duchesse de Berri était la nièce de la reine, et qu’au temps de sa prospérité, la mère du duc de Bordeaux avait toujours prodigué aux enfants de Louis-Philippe les marques de la plus tendre affection. Mais les liens du sang sont bien fragiles pour qui gagne à les rompre tout ce que promet à l’orgueil de l’homme l’exercice de l’autorité souveraine : les d’Orléans allèrent à l’Opéra le soir du jour où ils avaient appris l’arrestation de leur parente.

Toutefois, cette satisfaction qu’on déguisait avec si peu de soin était empoisonnée par un vif sentiment d’inquiétude. Car le parti révolutionnaire réclamait avec ardeur la mise en jugement de la captive. Or, qu’elle fut acquittée, Louis-Philippe était signalé aux peuples comme un usurpateur ; qu’elle fut frappée, au contraire, d’une peine proportionnée à la gravité de son attentat, Louis-Philippe était placé dans l’alternative où d’annuler despotiquement la condamnation, ou d’attirer sur lui, en la respectant, l’immortelle malédiction de toutes les têtes couronnées. Plus sûr de sa légitimité, le gouvernement n’aurait point redouté la première de ces chances plus indépendant à l’égard des rois, il