Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vait pas besoin de lui pour esclave, se plut à le traiter en souverain déchu. La Porte s’était émue. Elle envoie contre Ibrahim Husseïn-Pacha, l’exterminateur des janissaires. Ibrahim invoque le dieu de son père, marche contre les Turcs, les taille en pièces à Homs, achève de les disperser à Beylan et parle en maître aux Syriens frappés d’admiration. L’épouvante règne au sérail. Mahmoud s’adresse alors, pour sauver la Syrie, pour sauver peut-être Constantinople, au vainqueur de Missolonghi, à Reschid-Méhémet, grand-visir, et le premier entre tous les hommes de guerre de l’empire. Reschid-Méhémet part à la tête d’une armée nombreuse, bien résolu à ne point courir les chances d’une bataille rangée, et préparant tout pour cette guerre irrégulière, dont il avait le génie. Mais il laisse derrière lui Kosrew-Pacha, qui, jaloux du grand-visir et impatient de sa chute, entrave, en sa qualité de séraskier, tous les plans de Resehid-Méhémet et lui fait imposer par le sultan la nécessité d’une action d’éclat. La France s’étant arrêtée à l’idée de maintenir intact, pour mieux l’opposer aux Russes, l’empire de Mahomet II, elle aurait dû faire des vœux pour Reschid-Méhémet elle fit des vœux pour Ibrahim. La rencontre eut lieu à Koniah, le 21 décembre 1832. D’un côte, dix mille Égyptiens, de l’autre soixante mille Turcs, et, entre les deux armées, un brouillard épais. Les Turcs engagèrent l’action par une vive canonnade qui, perçant le brouillard et jetant sur le champ de bataille des lueurs rapides, révéla leurs positions au regard perçant d’Ibrahim. Les deux armées se choquèrent