Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/16

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versèrent processionnellement Paris pour aller féliciter l’écrivain. Depuis quelque temps, les pétitions relatives à la duchesse de Berri affluaient à la Chambre. Les ministres y furent appelés, le 5 janvier, pour rendre compte de leurs desseins. L’assemblée était pleine de mouvement et de passions. Ici, l’on accusait les ministres d’avoir nourri le criminel espoir de désarmer la justice du pays ; là, on leur contestait le droit de punir, corollaire du droit de régner. M. Sapey avait été chargé de faire un rapport sur les pétitions : il conclut à laisser les ministres prendre, à l’égard de la prisonnière, les mesures qu’ils jugeraient les meilleures, sauf à en répondre devant les Chambres et devant le pays.

Pour appuyer ces conclusions, M. de Broglie paraît à la tribune. Il soutient que la famille des Bourbons aînés se trouve naturellement placée en dehors du droit commun ; que le gouvernement n’a d’autres règles-à suivre, contre la duchesse de Berri, que les lois de la guerre ; qu’on doit se borner à détenir cette princesse comme on détient un prisonnier dont il faut enchaîner la haine, ou un fou dont la liberté serait dangereuse ; que la raison d’état l’exige ; que la tranquillité des citoyens est à ce prix ; que le principe de l’égalité devant la loi n’est pas applicable dans la circonstance, la duchesse de Berri n’étant pas française par origine et ne l’étant plus par alliance. À ces mots, des exclamations violentes s’élèvent des bancs de la droite. M. de Broglie continue. « Après tout, s’écrie-t-il, ce principe, quelque tutélaire qu’il soit, n’est pas plus sacré que tant d’autres que vous avez fait