Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/199

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des comités mystérieux formés dans la Lombardie, dans la Toscane, dans les États du pape, et en dernier lieu à Naples. La conspiration recruta bientôt dans la jeunesse italienne des soldats nombreux et dévoués ; elle prit racine dans l’armée et, plus particulièrement, dans le corps d’artillerie. Quelques hommes de diverses provinces devaient composer le gouvernement insurrectionnel, pouvoir d’exception qui aurait duré autant que l’insurrection elle-même, c’est-à-dire jusqu’au jour où l’Autriche n’aurait plus possédé un pouce de terrain en Italie. Ce jour là un congrès national, né du suffrage universel à deux degrés, se serait rassemblé à Rome, et devant lui se seraient anéanties toutes les autorités issues de l’orage. Au mouvement intérieur devaient correspondre des tentatives venues du dehors. On adoptait le système de la guerre par bandes, parce que c’était celui qui, selon l’opinion de Mazzini, se conciliait le mieux avec les inspirations du patriotisme, parce qu’il consacrait par une multitude de faits d’armes chaque pierre de la patrie, parce qu’il n’étouffait pas sous le poids de la régularité militaire la spontanéité des vertueux élans, parce qu’enfin, comme l’avait dit Napoléon, ce n’était point par la charge en douze temps qu’on défendait les Thermopyles.

Une idée fausse domina, malheureusement, toutes ces combinaisons. Le sentiment national s’était attiédi en Italie, même parmi les patriotes les plus sincères, par l’habitude où étaient les Italiens depuis 850 de tourner les yeux vers la France et de n’espérer qu’en elle. Mazzini et ses compagnons voulu-