Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/212

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place fatale, il reproduit en ces termes l’apostrophe de M. Dulong : « Faut-il obéir jusqu’à se faire geôlier, jusqu’à l’ignominie ? » A quelles intentions rapporter cette inexactitude cruelle ? Pourquoi, seul entre tous les journaux, le Journal des Débats aggravait-il une apostrophe qui pouvait aboutir à un combat ? Ce qui est certain, c’est qu’après avoir jeté les yeux sur ces funestes lignes, le général Bugeaud dut écrire à M. Dulong pour lui demander des explications nouvelles. « Je me mets à votre disposition, répondit celui-ci au général : mes deux témoins sont le général Bachelu et le colonel Desaix. » Les témoins des deux adversaires se réunirent, et il fut convenu que M. Dulong adresserait au Journal des Débats une lettre dans laquelle il démentirait la seconde partie de l’apostrophe si mensongèrement amplifiée, et ne laisserait peser que sur M. Bugeaud homme public, le poids de la première. Rien de plus convenable, de plus conforme à la vérité, de plus digne. La lettre fut envoyée au Journal des Débats, où elle devait être publiée le lendemain, 28. Mais quelles ne furent pas la surprise et l’indignation de M. Dulong, lorsque, dans le bulletin ministériel du 27, il lut : « Le Journal des Débats a rapporté hier une expression outrageante adressée par M. Dulong à l’honorable général Bugeaud. Aujourd’hui on disait ; à la Chambre, que l’honorable général en a demandé raison, et qu’il a exigé de M. Dulong une lettre qui paraîtra demain dans le Journal des Débats. » Ainsi, le système de provocation qu’une feuille ministérielle avait commencé, une autre feuille mi-