Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/214

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privé, sans impliquer aucun désaveu du blâme encouru par l’employé du gouvernement.

A huit heures du soir, seconde réunion. Les témoins du général Bugeaud, MM. de Rumigny et Lamy, y parurent cette fois ; et l’on remarqua que les dispositions du général n’étaient plus les mêmes. M. de Rumigny repoussa l’intervention d’Armand Carrel, comme représentant de la presse opposante ; et il fut le premier à réclamer la publication de la lettre, bien que les lignes insolentes du bulletin ministériel l’eussent rendue manifestement impossible. À cette lettre, les témoins de M. Dulong voulaient qu’on substituât une note dont on ne pût pas dire qu’elle avait été exigée. La proposition fut repoussée obstinément. Un rendez-vous est pris pour le lendemain. On fixe pour théâtre du combat le bois de Boulogne. L’arme convenue est le pistolet. Dulong était un bon citoyen et le meilleur des hommes. Le dévoûment de ses amis pour. sa personne était tel que savent l’inspirer les natures choisies. On s’émut autour de lui du danger qu’allait lui faire courir une exclamation dictée par un sentiment généreux. Mais lui, calme et souriant, il encourageait ses amis. Le 29, il se mit en route avec ses témoins pour le bois de Boulogne. Il était gai, ayant pensé à tout ce qui lui était cher, et tout préparé en vue de l’heure suprême.

La rencontre eut lieu à dix heures. Les adversaires avaient été placés à quarante pas l’un de l’autre, et devaient se rapprocher en s’ajustant. A peine ont-ils fait chacun deux ou trois pas, que le général Bugeaud tire son coup de pistolet. Atteint