Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/219

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fit couper le convoi par des mouvements de cavalerie et d’infanterie. Autour de la fosse où sur l’homme de bien allait peser l’invincible sommeil, ses amis se rangèrent avec un profond sentiment d’angoisse ; et MM. Salverte, Tardieu, Cabet, Langlois, Armand Carrel, Dupont (avocat), vinrent tour-à-tour prononcer les discours d’adieu. M. Dupont fit entendre, en terminant, ces belles paroles : « Nous vivons dans un de ces temps de corruption où l’homme de conscience, s’il ne veut pas mentir à la vérité doit avoir une épée au service de sa pensée. Dulong avait compris la triste époque où il vivait. Sa vie ne lui appartenait pas plus que la nôtre ne nous appartient. Sa vie appartenait à la vérité ; et quand la vérité lui a demandé sa vie, il a exécuté le pacte, il a donné sa vie. »

Paris était encore sous l’impression de ce tragique événement, lorsque des scènes où l’ignominie se mêle à l’atrocité le remplirent tout-à-coup de douleur et de honte.

Une loi venait d’être rendue qui soumettait à la formalité d’une autorisation préalable accordée par la police, tout écrit vendu, distribué, crié sur la voie publique. Pourquoi ne le dirions-nous pas, puisque la vérité nous le commande ? Les crieurs lancés sur les places et dans les rues par les ennemis du pouvoir ne furent souvent que des colporteurs de scandale, que les héraults d’armes de l’émeute ; dans les libelles qu’ils distribuaient, la mauvaise foi des attaques le disputa plus d’une fois à la grossièreté du langage et à je ne sais quelle flagornerie démagogique. Or, flatter le peuple est