Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/240

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défaut d’organisation, le nombre des troupes contre lesquelles on aurait à lutter, l’impossibilité absolue de jeter dans l’insurrection le gros de la bourgeoisie. Un avis singulier fut ouvert par un savant qu’avaient fait remarquer dans le parti républicain la sauvagerie de son humeur et son caractère ombrageux à l’excès, mais en même temps sa haute intelligence et son désintéressement poussé jusqu’à l’héroïsme. Voici ce qu’il proposait : partant de ce point de vue qu’il y a dans le martyre une incalculable puissance d’entraînement, un certain nombre de républicains auraient fait pacte avec la mort ; et, renfermés dans une maison, y auraient défendu jusqu’au dernier soupir le principe attaqué. Ce n’étaient pas, du reste, les personnages les plus marquants du parti que l’auteur de la proposition appelait à remplir un rôle dans le drame dont il donnait le plan : « Ceux-là, disait-il ; se réserveront pour l’assaut ; nous serons, nous, les fascines qui servent à combler le fossé. » D’aussi étranges idées ne pouvaient être et ne furent accueillies que par l’étonnement. Chacun se demanda si elles étaient sérieuses ; et, depuis, plusieurs ont pensé que celui qui les avait émises n’avait eu pour but que d’essayer le dévoûment de quelques hommes suspects à sa nature soupçonneuse.

Cependant, le comité de la Société des Droits de l’Homme redoublait d’activité. Par d’infatigables correspondances, il hâtait dans les provinces le travail d’organisation commencé. Par de hardis manifestes, il tenait en haleine dans la capitale les cent soixante-trois sections dont il gouvernait l’ar-