Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 4.djvu/242

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dans le chapitre suivant quel était l’état de la ville de Lyon. Le département des Pyrénées-Orientales, patrie de l’illustre François Arago, obéissait à l’action d’un comité central, établi à Perpignan, et correspondant avec le comité de Défense pour la Liberté de la Presse établi à Paris. Le parti républicain dominait dans le Jura, et, dirigé par un neveu du général Bachelu, il se montrait tout-puissant dans la ville d’Arbois. A Dijon, à Clermont-Ferrand, à Châlons-sur-Saône, à Saint-Étienne, à Besançon, à Grenoble, les éléments de résistance étaient nombreux. A Épinal, où M. Mathieu, avocat, exerçait une grande influence, la Charbonnerie et la Société de Droits de l’Homme faisaient chaque jour de nouvelles et importantes conquêtes. A Lunéville, un maréchal-des-logis-chef au 9e régiment de cuirassiers, M. Thomas, avait formé l’audacieux projet d’enlever les quatre régiments de cuirassiers qui se trouvaient à Lunéville depuis la dissolution du camp de manœuvres formé en 1833. Entreprenant, dévoué, plein d’intelligence et de courage, M. Thomas s’était assuré le concours de plusieurs de ses camarades, s’était mis en rapport avec les républicains de Nancy, avait donné avis de ses desseins au comité parisien de la Société des Droits de l’Homme, et n’attendait que le moment d’agir.

Si tous ces mouvements eussent été coordonnés, et soumis à une vigoureuse impulsion, à une impulsion commune, nul doute que le gouvernement n’eût été renversé. Mais les chefs n’avaient pu donner à l’organisation ni le temps ni le soin nécessaires, entraînés qu’ils étaient dans un tourbillon de feu.